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s’il l’a déclaré, il est normal qu’il tienne sa parole.

Comme Vincent était grave ! Que pouvais-je objecter ? Je m’écriai cependant :

— Il aurait dû d’abord s’entendre avec nos parents et les amener doucement à son idée !

Vincent éclata de rire :

— Tu en disposes à ton aise, ma candide petite sœur. Serais-tu flattée qu’un jeune homme, dans le feu d’un enthousiasme pour toi, s’arrêtât au milieu de ses paroles émouvantes, éteignît la flamme de son regard pour te dire : « Attendez, Monique, il faut que j’aille demander à papa la permission de vous faire la cour… »

Je ris à mon tour.

— Il est certain, murmurai-je, que le jeune homme me semblerait bien pusillanime.

— Et, telle que je te connais, tu lui dirais sans doute : « Je n’attendrai pas du tout. Vous devez savoir si vous m’aimez ou non. »

De nouveau, je ne pus m’empêcher de rire, tellement mon frère soulignait le primesaut de mon caractère.

J’aurais bavardé avec lui toute la nuit, parce que je le trouvais tout d’un coup intéressant. Je découvrais pour la première fois sa vraie pensée, mais, l’heure glissant, il me poussa dehors en disant :

— Demain, mon enfant, je suis obligé d’aller au cours… J’ai encore quelques problèmes à revoir… Donc, assez de bavardages… Bonne nuit !

Je rentrai dans ma chambre. Inutile de dire que j’étais fort excitée.