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Cependant, de temps à autre, un éclair de lucidité me parvenait pour penser que je manquais peut-être le but que je m’étais proposé, c’est-à-dire éloigner tout souci de papa, pour ne pas compliquer sa maladie de cœur. Mais souffrirait-il beaucoup de ce mariage, ou y apporterait-il une certaine philosophie ? Raisonnerait-il encore comme précédemment : « Si Monique aime ce jeune homme, c’est qu’elle croit être heureuse avec lui » ? Se débarrasserait-il ainsi de son inquiétude ? Je le souhaitais, mais une épouvante se répandait en moi en découvrant l’étonnement douloureux qui anéantissait mes parents. Peut-être avais-je mal compris mon dévouement ?

Après avoir émis encore quelques idées, Jean Gouve prit congé. Il tendit cavalièrement la main à papa, puis s’avança vers maman pour agir de même. Il ne possédait pas encore les principes conventionnels de la politesse mondaine.