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dement, mais j’estime que, dans un ménage, l’argent n’est pas tout… Il faut surtout se comprendre.

— Oh ! nous nous comprenons, n’est-ce pas, Mademoiselle Monique ?

L’accent était familier, et maman me regarda, non sans curiosité.

Mes deux frères quittèrent le salon sans bruit, mais mon fiancé s’écria :

— Vous nous abandonnez ? Ils disparurent sans répondre, comme des fantômes.

Jean Gouve dit gaiement :

— Nous ferons plus ample connaissance plus tard, nous aurons tout le temps.

Maman n’avait plus le courage de parler, et père paraissait réfléchir, de sorte que je me rapprochai de Gouve en murmurant :

— Vous pardonnerez à mes frères, ils sont très occupés et ne nous donnent jamais beaucoup de temps !

Il rit en répondant :

— On sait ce que sont les jeunes gens ! Ses paroles contenaient des sous-entendus.

Il se reprit :

— Et puis, nous n’avons pas besoin d’eux…

Le jeune Vincent a-t-il une idée de carrière ?

— Oui… Saint-Cyr .

Mon fiancé eut une moue.

— Encore un qui aime la vie facile…

— La vie facile ! m’écriai-je. Il travaille beaucoup pour son examen d’admission… Il faut aussi des officiers dans un pays…

— Vous vous emballez ! Moi, vous savez, ça m’est égal…

Papa dit soudain :