Page:Fiel - Mon erreur, paru dans La Croix du 22 mai au 14 juillet 1949.djvu/185

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

étrangles littéralement… Ah ! si jamais je pensais vivre une heure pareille !

— Mais, mon amie, intervint papa, conciliant, c’est une heure normale. Notre fille a rencontré celui avec qui elle veut passer sa vie. Quoi de plus naturel ?

— Non, ce n’est pas naturel, prononça maman avec plus d’agitation encore. Je devais être tenue au courant. Une idylle ébauchée à mon insu ne m’inspire aucune sécurité. Tu prétends que tu as imité Léo, continua-t-elle en s’adressant plus directement à moi, c’est possible, mais Léo est affiné dans ses goûts, tandis que je sais maintenant que tu aimes la vulgarité. C’est pourquoi j’appréhende de me voir en face de cet homme. Tes frères le connaissent-ils ?

— Non…

— Et ton père et moi ?

— Non…

Ces deux « non » claquèrent comme des coups de revolver. Maman s’écria dans un sanglot : — Grand Dieu ! où as-tu pu rencontrer ce fiancé ? Chez Mlle Clarseil, peut-être ?

— Oh ! pas du tout.

— Dans la rue, alors ? Et moi qui avais tant de confiance dans le sérieux et le cœur de ma fille…

À ce moment, Léo me regarda fixement.

Je compris qu’il devinait quelque chose, mais il ne dit rien. Maman, elle, était trop ulcérée pour se souvenir du passant qui m’avait demandé son chemin.

Quand elle fit allusion à mon sérieux et à