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Cette résolution me donna un peu de vigueur. L’heure de détente prise chez mon amie m’avait amollie, et maintenant qu’il m’était donné d’en appeler à mon énergie, je m’armais de nouveau pour la lutte.

Je franchis notre seuil d’un pas délibéré, mais, dès l’antichambre, je sus que Mme  Darèle était dans le salon avec maman. Il me fut même transmis que je devais y rejoindre ces dames aussitôt mon retour.

Quel contretemps ! Et pourquoi cette visite ?

La peur me fauchait les mollets. Quelle complication allait surgir ?

J’allai dans ma chambre pour refaire ma beauté, et j’en avais besoin, parce que j’étais pâle comme une morte. Que venait faire Mme  Darèle chez maman ? La saison des visites était close, les « jours » de ces dames étaient abandonnés.

J’essayai de ne plus me tourmenter à ce sujet, puisque mes intentions seraient dévoilées quelques minutes plus tard. Ce qui me contrariait surtout, c’est que mon élan concernant ma confession était coupé.

Ce fut avec un tremblement intérieur que j’entrai au salon, arborant un air frondeur, le sourire aux lèvres et les yeux sans ombres.

Je paraissais sûre de moi, joyeuse devant la vie et ses enchantements.

Mme  Darèle, rieuse, me rendit mon salut avec une grâce tout aimable.

— Et voici donc cette grande personne qu’on aperçoit si rarement !