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— Ce n’est pas un jeune homme, cette amie-là ?

Mon œil fut de la foudre.

— Ne m’insultez pas !

— Oh ! quelle belle lionne C’était une plaisanterie, petite Monique, une simple plaisanterie, pour voir vos yeux briller. Je sais que vous êtes une jeune fille honnête.

Ah ! que je me sentais inférieure devant l’accent sarcastique de mon « fiancé » ! Il me dominait positivement, avec sa façon gouailleuse de me traiter. Son ton vulgaire me crispait, ses regards m’indignaient et sa familiarité quand il me nomma « ma petite Monique » me fit sursauter.

Je devenais sa petite Monique !

Et quelle condescendance pour m’assurer qu’il me savait être une jeune fille honnête !

Mes nerfs étaient en ébullition. Il le remarqua, et cela le fit éclater de rire.

— Vous serez difficile à apprivoiser, bégaya-t-il quand son rire fut un peu calmé, mais cela ne me déplaît pas. J’aime assez jouer au dompteur. J’ai eu, jadis, deux chiens très rudes, et ils ont fini par s’accoutumer à moi.

Et voilà ! j’étais assimilée à deux chiens que l’on avait dû dresser à coups de cravache, sans doute, mais ce dernier détail me fut épargné.

Je ne répondis pas à cet impair et je brusquai les adieux.

— Au revoir, Monsieur. Je vous préviendrai demain ou après-demain. Je dois me plier aux circonstances et ne puis vous fixer au juste l’heure de votre réception.