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— Nous n’avons plus rien à nous dire, Monsieur.

— Moi, j’aurais encore beaucoup de choses à vous raconter, mais vous êtes si rébarbative que cela me refroidit… Allons, ne faites pas la sacrifiée. Je suis un bon garçon, et il ne faut pas m’en vouloir si j’ai de l’ambition. Je veux me pousser dans le monde. Il y a bien des gens qui ne me valent pas, et vous reconnaîtrez vite que vous avez un mari à la hauteur. Dame, il faudra m’aider par vos relations. On n’est pas trop de deux bons associés pour faire son chemin. Vous êtes assez intelligente pour le comprendre.

Un seul mot m’était entré dans la tête parmi les paroles que j’entendais : vos relations.

Comment ce Jean Gouve avait-il l’esprit assez aberré pour s’imaginer que je l’introduirais près de nos amis ?

J’étais résolue à rompre avec tout le monde, sauf peut-être avec Mlle  Clarseil. D’elle je ne pourrais pas me passer, parce que je comptais sur elle pour m’épancher et me réconforter. Dans cet ordre de sentiments, j’avais rayé ma chère maman. Je ne voulais pas lui montrer mon malheur.

Devant elle, je serai la plus heureuse das femmes, la plus choyée. Quelle comédie à jouer ! J’en frissonnais de la tête aux pieds.

Je répondis à Jean Gouve :

— Nous reparlerons de tout cela en temps voulu. Pour le moment, je suis pressée. Je vous ai dit que j’avais téléphoné à une amie qui m’attend.