Avec soulagement, je me dirigeai vers la maison par des rues détournées.
Maman était dans le salon, et j’y entrai pour m’installer avec accablement dans un fauteuil.
— Tu parais lasse ?
— Je suis morte, et cependant nous avons eu une surprise qui devrait me ressusciter.
— Quoi donc ?
— Les Darèle ont une parenté avec Berthe.
— Est-ce possible ? s’écria maman. Raconte-moi cela tout de suite.
J’entamai le récit de notre rencontre, et maman en fut vivement intéressée.
— Cela situera tout de suite la femme de Léo. Quelles bizarres circonstances ! J’envisageais le mariage de ton frère avec effroi, et aujourd’hui je suis enchantée qu’il ait remarqué cette charmante jeune fille.
Il y eut un silence, et maman me dit :
— Tu es contente aussi ?
— Assurément.
— Tu n’as pas l’air enthousiaste ?
— Je pensais qu’il faudrait que j’aie le numéro en mari équivalent à Berthe, et cela ne sera pas commode.
— Mais si ! La ville fourmille de jeunes gens très bien…
— Voire !
— Tu es donc si difficile ?
— Moi ?
Que dire, mon Dieu ? Je ressemblais à un agneau. J’avais la tête du sacrifice. Oh ! ce Jean Gouve avec l’oncle Galiret ! Quel écrasement j’aurais voulu faire d’eux !
Je me demandais si je ne devais pas tout avouer à maman. L’heure était propice. Mais