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— Le calme qui règne ici appelle le silence.

— C’est vrai, convint Berthe, mais il est agréable aussi d’échanger des points de vues. Nous avons à faire connaissance, et, de plus, je suis un peu grisée d’avoir une amie de mon âge. J’ai tant de choses à vous dire sans pouvoir les formuler ! Il est vrai que les idées se chevauchent un peu dans mon cerveau, parce que, depuis hier, tant d’événements sont survenus.

Elle parla. Je l’écoutais mal. Depuis que j’avais rencontré Robert, je n’étais plus à mon aise. Un voile gris m’entourait, et je ne voyais plus la vie qu’à travers ce brouillard terne. Tout à coup, je dis :

— Il est temps que je rentre. J’allais oublier que je dois aller voir une amie souffrante. Elle habite rue Titus. Reprenons le même chemin, si cela ne vous ennuie pas.

Berthe n’éleva aucune objection. Après un dernier regard aux charmants bosquets La Fontaine, nous prîmes la voie du retour.

J’essayai de paraître pleine d’entrain, ne voulant pas passer pour fantasque aux yeux de ma future belle-sœur.

Mes efforts furent pénibles. Enfin, je gagnai la rue Titus, et je quittai Berthe après des adieux tendres entre elle et moi. Elle poursuivit sa route en pressant le pas, et je sonnai à la porte de mon amie, plutôt pour l’acquit de ma conscience que pour ma satisfaction. Je n’avais aucun désir de voir quelqu’un, et, heureusement pour moi, elle n’était pas là.

La domestique m’assura que Mademoiselle regretterait bien, et, du bout des lèvres, je prononçai la même formule de politesse.