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— Oh ! m’écriai-je, quelle bonne surprise !

— J’en suis ravie, prononça Berthe. C’est la première fois de ma vie que j’entends parler d’une parenté, aussi éloignée fût-elle. J’en suis fort émue.

Le visage de Berthe était bouleversé, celui de Robert manifestait quelque curiosité. Il ne comprenait pas très bien la corrélation qui pouvait exister entre les Dareuil et la fille de Durand. Ce n’était pas le moment de le lui expliquer, en pleine rue, et je me contentai de jouir de l’embarras d’une question qu’il n’osait formuler.

Il dit pourtant avec beaucoup de chaleur :

— Mon père sera heureux de parler de Monsieur votre père, et, pour mon compte, je serai enchanté d’avoir Léo comme cousin. Notre amitié en sera d’autant plus cimentée.

Quel regard me lança cet aimable jeune homme ! Il était tout pétri de joie. Ses traits rayonnaient. Naturellement, mon esprit s’assombrissait à mesure que le sien voyait le rapprochement qui se dessinait entre nos deux familles.

Il s’imaginait, le pauvre, que je l’épouserais ! Ah ! si je l’avais pu, je n’aurais pas hésité, et je lui aurais rendu regard pour regard, mais il fallait être honnête et esquiver la tentation ; mes yeux se détournèrent donc le plus tôt possible. Je pense que je devais avoir un air sournois du plus bel effet.

Robert Darèle, radieux, nous quitta. La poignée de main qu’il me donna fut longue et expressive.