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qui voulait rapprocher les distances. Cela me gênait, parce que j’eusse aimé voir les beaux-parents de Léo au même niveau que l’oncle Galiret.

Papa poursuivait :

— J’estimais excessive la phrase qui qualifiait d’honneur la demande que je venais de faire de la main de sa fille, parce que je me proposais d’employer le même terme. Cela s’est donc terminé par un duo de congratulations, sans pouvoir démêler qui était le plus honoré de nous deux.

— C’est épatant ! s’écria Vincent.

— Quand ce déploiement d’amabilité fut clos, M. Durand me dit : « Maintenant que nous sommes bien d’accord et que je sais que « votre garçon » fait la cour à Berthe pour le bon motif… »

Ah ! que maman accentuait sa mine un peu hautaine en entendant ce langage ! Que Léo était embarrassé et malheureux ! Je soupçonnais même papa d’inventer, ou tout au moins d’exagérer, la manière de s’exprimer du bon Durand. Pourtant, c’était si peu dans ses habitudes que cela me surprenait.

Il continuait :

— … Maintenant, Monsieur Carade, je dois vous avouer que Berthe n’est pas notre fille.

— Oh ! s’exclama maman.

Léo se rapprocha de papa et s’écria :

— Que dis-tu, père ?

— Je répète ce que Durand m’a confié. Durand est parti d’ici alors qu’il avait 15 ans et qu’il était orphelin. Il s’est rendu à Uzès, où il avait une vieille tante, placée chez la com-