— Qui est-ce qui ne s’entendrait pas avec toi ?
Maman a un caractère en or, mais j’ai remarqué qu’elle aimait que l’on écoutât ses avis. Elle montre sa désapprobation si on s’entête.
Papa est une crème, et il approuve à peu près tout ce que nous faisons. Léo, cependant, est indépendant. Vincent dit toujours oui et il agit à sa guise, et moi je suis le volcan et la bourrasque. Je crois que mon cœur est bon, mais quelle enveloppe ! Mes réactions sont toujours excessives et ma sensibilité, souvent intempestive, est presque toujours à côté.
— Voici ta laine, maman…
— Merci, le bleu en est joli… Et le tennis ?
Ce tennis ne m’avait pas intéressée du tout, à cause de la nouvelle apprise, et je ne savais que répondre. Comme je ne voulais pas parler de Léo, je fis allusion à l’inconnu.
— Figure-toi qu’un monsieur m’a demandé son chemin…
— Ce n’est pas un incident rare !
— Non, mais ce jeune homme avait un sourire moqueur…
— J’espère que, toi, tu n’as pas souri ?
Maman est de l’école surannée. Les jeunes filles, dans la rue, doivent ressembler à des automates.
— J’ai très peu souri, juste suffisamment pour ne pas avoir l’air revêche…
— Et où allait-il ce monsieur ?
— Au musée de peinture…
— C’est un touriste, et sans doute un peintre…
— Il m’a semblé que non… J’en vois, des