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Ce fut l’arrivée. Tout de suite, l’organisation, le travail, occupèrent les deux hommes. Gérard se révéla. M. Manaut pressentit qu’il pourrait lui confier une direction. Les qualités de son fils se précisaient. Alors qu’elles s’assoupissaient dans l’insouciance, elles éclataient dans l’activité et l’initiative.

Ce fut aussi là que Gérard apprêt à connaître son père. Il électrisait les masses par son entrain, son labeur infatigable et sa justice.

La mine produisait. Encore un élan et elle serait de nouveau une source de bénéfices.

M. Manaut exultait. Relié étroitement à Paris, il marquait les points de ses progrès. Son ancienne banque notait ses chances. Il avait de nouveau des amis partout, sans compter ceux d’Espagne qui, pour être de fraîche date, n’en étaient pas moins chaleureux.

Il eut des offres multiples de directions.

Il eut alors un entretien définitif avec son fils :

— Nous avons accompli des prodiges, depuis trois mois… Nous avons l’embarras du choix pour une situation. Tu t’es affirmé ici en organisateur… Que décides-tu ?…

— Je voudrais, si tu n’y vois nul inconvénient, rester quelques années ici, afin de perfectionner l’organisation, d’y installer des écoles, un hospice, une chapelle, quelques maisonnettes, pour donner quelque confort aux ouvriers…

— C’est une idée merveilleuse 1 s’écria son père enthousiasmé.

— Tout cela m’intéresserait : ce serait une vie utile à tous les égards… Et puis, père, crois-tu maintenant que ma situation soit suffisante pour que je redemande Mlle Laslay en mariage ? Elle pourrait me seconder auprès des travailleurs malades et près de leurs femmes… Crois-tu que je puisse lui proposer, cela ?… Au moins pour quelques années ?…

— Mais oui, mon cher enfant. Mais tu reviendras riche, n’aie pas peur… et tu n’auras pas besoin de faire longtemps ce métier.

— Je veux travailler désormais, prononça fermement Gérard. Je ne veux dépendre que de moi-même…

— Je te félicite, mon fils. Eh bien, dès mon retour à Paris, qui ne tardera pas, j’irai voir mon ami Laslay. Je ne lui ai pas encore demandé sa fille en mariage, moi, pour mon fils… Je ne la connais pas, ma future fille… Nous arrangerons ce complot pour le mieux.

Gérard Manaut resta seul. Son père reprenait à Paris une direction de banque où il pouvait déployer ses qualités.

Le jeune homme craignait que cette présence ne lui manquât. Mais, à son grand soulagement, il se maintint sans difficulté