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vant, et un soulagement lui venait ! de n’avoir plus à choisir, comme le lui permettait sa fortune considérable. Mais qu’allait penser sa mère et quelles discussions pénibles engendrerait sa détermination ?

Elle marchait sans rien voir, mais les passants la regardaient. Quoi de plus attrayant qu’une belle jeune fille qui passe dans le printemps ensoleillé ?

Quand elle entra chez Mme  Fodeur, celle-ci était seule encore, Bertranne ne rentrant que pour l’heure du déjeuner.

— Je ne vous dérange pas, madame, en venant partager votre repas ?

— Au contraire, ma chère enfant, Bertranne sera ravie…

Mme  Fodeur, de stature imposante, prenait volontiers un aspect dominateur. Ses cheveux frappaient la vue par leur blancheur de neige, et soulignaient son teint ascétique. Sa voix sourde étonnait parce qu’elle avait le geste autoritaire. Ses yeux, étaient bleus avec des éclairs d’acier.

À la mort de ses fils, elle s’était plongée dans les œuvres. Elle puisait du réconfort dans le plaisir qu’elle lisait dans les regards de ses obligés.

Elle s’isolait des contingences, ne fréquentait personne et discutait, avec les prêtres qui craignaient son intransigeance et son exaltation.