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comme l’a dit Gustave Le Bon « que l’on comprend avec son intelligence et que l’on se conduit avec son caractère ».

Jusque-là, ses pensées étant secrètes elle restait indemne dans son impeccabilité aux yeux de Christiane, malheureusement, elle oublia les leçons évangéliques et elle dit avec assez d’amertume :

— Puisque vous vouliez vous débarrasser d’une fortune qui vous pesait, vous auriez pu vous souvenir de celle que vous nommez votre amie, de ma pauvre Bertranne qui se débat dans un labeur trop lourd pour ses forces…

De tous les reproches qu'attendait maintenant Christiane, celui-ci était le dernier qu’elle eût cru entendre.

Elle regarda sa compagne avec un étonnement mêlé d’effarement, se demandant si elle ne perdait pas l’esprit. Elle se reporta aux paroles écoutées l’heure précédente et elle fut surprise que tant d’éloquence ne portât pas des fruits moins gâtés.

Comme elle était remplie de scrupules, elle s’accusa d’égoïsme, tout en s’avouant qu’elle n’eût pas osé proposer une somme d’argent à son amie.

Et, elle qui croyait atteindre le plan d’une félicité inconnue, grâce à sa générosité, se retrouva en face de son acte, avec un remords cuisant.

Elle ne put que balbutier :

— Pardonnez-moi madame… j’avoue que je n’ai pas songé que quelque somme servirait Bertranne…

Mais Mme  Fodeur se reprenait.