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réputation de sa mère en serait ternie. Cela la rendait folle honte. Sa nature pusillanime et parfois excessive dans ses résolutions lui suggéra de devenir de plus en plus stricte, de plus en plus austère dans sa conduite.

Elle ne se marierait pas, elle irait moins que jamais dans le monde afin que l’on ne murmurât pas : telle mère, telle fille…

Elle songea à Mme  Fodeur. La mère de Bertranne se dépensait en œuvres charitables, et Christiane résolut de se placer sous son égide.

Son existence servirait le bien.

Elle avait vingt-deux ans et ne pensait pas à l’amour. Elle se promit, de propos délibéré de n’aimer jamais.

Vers dix heures du matin, elle revit sa mère qui lui demanda ce qu’elle ferait de son après-midi. Christiane la pria de la laisser aller déjeuner chez les dames Fodeur.

— Cela m’arrange parfaitement, riposta cette mère aimable… J’ai besoin de me faire recoiffer… Je déjeunerai au restaurant, j’irai à une exposition de châles anciens, où je retrouverai Mme  Moreuillet et de là au thé de Mme  de Roulabert… T’y verrai-je ?

— Je ne crois pas… cela dépendra du temps que me consacrera Bertranne… Si elle n’a pas de cours important, je passerai la journée avec elle…

— Quelles drôles de relations tu te fais, ma pauvre mignonne !… Ces