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dès qu’elle le put elle envoya un mot à Christiane :

« Je suis libre pour trois jours… Veux-tu que nous partions pour les Chaumes?… Je voudrais me promener dans nos sentiers ; je suis saturée de science, et il me faut la nature simple avec ses couleurs. »

Christiane attendait ce moment, et elle y répondit avec enthousiasme.

Elle en parla à sa mère, mais Mme  Gendel ne voulut pas de ce déplacement. Elle trouvait que Paris, au mois de mai, valait la plus jolie campagne du monde et elle ne l’aurait pas délaissé.

Les deux amies partirent seules.

La propriété des Gendel se trouvait en pleine Champagne pouilleuse. Le soleil, à la saison chaude, dardait ses rayons sur un sol crayeux qui éblouissait le regard.

Au printemps et en automne, c’était supportable, mais il fallait la grande habitude du pays et la force des souvenirs.

La verdure consistait en des sapins rabougris, qui s’étendaient à perte de vue dans la plaine. Une bise soufflait presque continuellement à travers ce steppe, où se déplaçaient des ondes de sable. En avril cette bise volait, aigre, à travers les sapinières, et, en octobre, elle cinglait, froide, avec un ululement étrange.

Grand chasseur, M.  Gendel passait là d’heureux mois, naguère. Une im-