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sa future compagne de charité ne subit l’influence de Bertranne si vivante, si persuasive.

Elle objecta :

— Ne m’avais-tu pas dit, ma fille, que tu avais une préparation minutieuse à faire ?

— C’est exact, mère, mais du moment que Christiane est là, je l’abandonne. C’est le printemps qui m’est entré dans l’âme tout à l’heure. C’est un dieu auquel il faut sacrifier aussi.

— Tu deviens donc païenne ? demanda Christiane en riant.

— Devient-on quelque chose ? Je crois aux dons avec lesquels on naît. J’ai toujours admiré la nature, et tu sais qu’aux Chaumes, je lui tiens de beaux discours. Nous sommes si faibles à côté d’elle ! Je passe tour à tour par la révolte et l’admiration en réfléchissant qu’une simple plante sans intelligence éclot, vit, fleurit, avant de sécher, alors que tant de femmes sont desséchées sans avoir fleuri. Quand on songe aux intrigues, aux ruses, aux compromissions que nécessite le mariage moderne ; on se dit que le moindre brin d’herbe a une existence plus normale, plus conforme au but terrestre

— Ne raisonne donc pas tant ! interrompit Mme  Fodeur.

— Ah ! une heure de véritable amour et mourir ! s’écria Bertranne en écho.

— Ce que je ne puis comprendre,