Page:Fiel - Le Sacrifice et l'Amour, paru dans l'Écho de Paris du 3 février au 7 mars 1934.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Enfin, elle bougea et parut se réveiller. Son visage redevint normal.

Alors, simplement, de sa voix naturelle, elle murmura :

— C’est à peine si je me souviens d’être venue chez vous, Christiane… J’en avais l’intention, c’est vrai, mais, durant le trajet, j’ai dû trop penser, et il me semble que je sors d’un sommeil.

— Vous sentez-vous encore fatiguée ? demanda affectueusement Christiane.

— Plus du tout…, mais je crois que vivre autant en esprit m’est nuisible.

Christiane allait de surprise en surprise, et elle regardait sa visiteuse avec incertitude.

Mme Fodeur ne paraissait plus du tout se souvenir des paroles si émouvantes qu’elle avait prononcées et qui avaient tant effrayé la jeune fille.

La conversation se poursuivit, banale.

Après le départ de Mme Fodeur, qui avait refusé qu’on la reconduisit, Christiane se demanda si elle n’avait pas été le jouet d’une hallucination, elle aussi.

Mais, non, la mère de Bertranne était bien entrée chez elle comme une illuminée, prise d’épouvante en pressentant un événement qui viendrait troubler la vie présente.

Au sens de Mme Fodeur, une évolution se préparait.

Ce qui tourmentait Christiane était cette supplication d’attendre… Que voulaient signifier ces paroles ? Com-