Page:Fiel - Le Sacrifice et l'Amour, paru dans l'Écho de Paris du 3 février au 7 mars 1934.djvu/211

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme des jeunes mariés n’aimant que notre solitude. Cela devient ridicule… Robert finirait par s’apercevoir de ta persistance à nous éviter et un jour il viendra te faire une scène.

La jeune femme ne laissa pas à Christiane le temps dé répondre. Elle s’en alla, toute gaie, vers son organisation future, alors que son amie restait prostrée, ne sachant plus que devenir.

Elle pressentait des luttes et s’en voulait mortellement de n’avoir pas su mieux cacher ses sentiments fors de sa rencontre avec Robert.

Elle ne voulait pas fréquenter l’intérieur des Bartale, elle reculait à l’idée de se trouver constamment en face de Robert. Elle savait qu’un jour ou l’autre Bertranne devinerait tout et qu’elle serait acculée à l’aveu.

Elle aurait voulu retenir le temps. Quand elle était chez elle, chaque coup de sonnette la faisait sursauter.

Elle s’attendait toujours à voir surgir Robert.

Un soir, vers cinq heures, elle crut que M. Bartale entrait chez elle.

Mais c’était Mme Fodeur. La veuve s’avança vivement, les yeux hagards. te visage décomposé.

En voyant Christiane, elle s’écria :

— Ah ! je vous trouve enfin !

— Je regrette de n’avoir pas été là, lorsque vous êtes venue.