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y perd souvent sa grâce et sa candeur. Ne pense donc pas à ton chagrin, Christiane, toi qui peux aimer d’une façon romanesque.

— Mais je ne t’ai pas fait entrevoir que j’aimais.

— Bon, mon diagnostic est erroné. Heureusement que je ne t’avais pas donné d’ordonnance. Alors, mon amie, ton chagrin est plus léger qu’un grain de poussière.

— Non, intervint Mme  Fodeur, le souci de Christiane est réel.

— Du moment que mère l’affirme, cela devient sérieux. Que se passe-t-il ?

— Christiane veut se dévouer aux pauvres…

— Tu vas entrer aux Petites-Sœurs ?

— Non, répliqua la jeune fille, riant de l’air ahuri de sa compagne. Je vais simplement pratiquer le bien le plus possible.

— Tu vas te lancer dans les bonnes œuvres, revêtir l’habit triste des dames de charité, qui ne veulent pas heurter les yeux des déshérités par leur luxe. Mais ce n’est pas du tout ton affaire !

— Pourquoi cela ? questionna sèchement Mme  Fodeur.

Bertranne, surprise par le ton agressif de sa mère, chercha sa réponse. Elle ne voulait pas dire que celle vocation lui paraissait trop subite pour être définitive.

Elle soupira en disant :