Page:Fiel - Le Sacrifice et l'Amour, paru dans l'Écho de Paris du 3 février au 7 mars 1934.djvu/203

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Leurs mains s’étreignirent et Robert murmura :

— Christiane… est-ce bien vous ? Elle ne pouvait dire un mot. Ses yeux se remplissaient de larmes. N'étant pas préparée à la défense, elle était devant lui, dans la sincérité de son regret.

— Christiane, reprit Robert, vous devinez que je ne vous ai pas oubliée. J’ai tout compris… votre âme généreuse a fait notre douleur présente. Vous savez maintenant qu’il est des désintéressements, cruels. Je ne comptais pas vous rencontrer ce matin. J’étais venu dans ce parc, torturé par le souvenir, retrouver l’endroit où j’ai tant souffert, ce jour où vous vous êtes rendue, si laide… Je sais tout, ma pauvre Christiane… et vos scrupules et votre sacrifice.

— J’étais folle… murmura la jeune fille.

— Ah ! vous l’avouez, enfin… J’aurais dû insister, mais la surprise anéantissait mon sang-froid. Il a fallu que Bertranne me racontât tout pour que je mesure votre âme.

Christiane sursauta en entendant le nom de son amie. Elle oubliait l’univers entier et surtout que cet homme qui lui parlait tendrement appartenait à Bertranne. Elle comprit alors qu’elle ne rêvait pas et qu’elle était, au contraire, dans une réalité dangereuse.

Elle répondit d’une voix encore altérée par l’émotion :

— Ce n'est pas charitable de me