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— De moi

— Mais, oui…

Christiane détourna la tête, légèrement gênée.

— N’aie pas peur, nous n’en disons pas trop de mal, il insiste pour savoir à quelle date je t’ai avoué que je l’aimais et ce que tu en as dit… J’ai répondu que tu m’avais encouragée, bien que tu n’eusses pas su son nom… Il a ri et a répliqué : Ah ! ces jeunes filles !… Et quand vous lui avez révélé ce nom ? a-t-il ajouté… — Ah ! ai-je riposté, ma chère Christiane m’a félicitée… L’entretien sur ce point s’est arrêté parce qu’il a été pris d’une quinte de toux qui lui a mis les larmes aux yeux… Nous avions respiré tant de poussière ce jour-là à Naples ! Je croyais qu’on allait avaler tout le Vésuve ! Je lui ai aussi raconté ta velléité d’enlaidissement pour faire reculer l’homme qui voulait t’épouser. Il en aurait pleuré de désespoir. Il vénère la beauté, m’a-t-il confié, pour expliquer son indignation, et, sur cette parole, il m’a encensée et conduite chez des fournisseurs de tous calibres pour m’embellir encore.

Mlle  Gendel démêlait avec une extrême clairvoyance le travail qui S’opérait dans l’esprit de Robert Bartale. Il reconstituait patiemment sa vie à elle avec l’aide de Bertranne, qui s’y prêtait sans le moindre soupçon.

Christiane voyait que tout ce qu’elle avait caché se dévoilait petit à petit et qu’un jour elle serait sans armes pour déguiser la vérité que Robert ne manquerait pas de lui répéter.