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est au-dessus de la morale ordinaire.

Elle commença par dire à Christiane :

— Vous devriez aller souvent dans les églises, ma petite enfant… Vous y trouveriez le calme.

— Croyez, chère Madame, que je suis fidèle à mes pratiques religieuses… C’est d’ailleurs mon plus grand secours.

— Vous avez raison.

La veuve poursuivit sur ce thème, et quand la jeune fille entendit la psalmodie se dérouler, un énervement grandissant la gagna et elle ne put se retenir de dire :

— Je vous en prie, Madame, ne vous contraignez pas à m’enseigner les bienfaits de la religion… Je sais toute la force que j’en retire… Mais, sans doute, ai-je mal préjugé de mes énergies. Je me suis lancée dans un acte qui dépassait ma hauteur morale. Je vous étonnerai peut-être en vous révélant que je crois perdre tout mon mérite en l’ayant tenté, parce qu’aujourd’hui je le regrette.

Mme Fodeur ne s’attendait pas à une aussi catégorique franchise. La douleur transformait-elle Christiane en une révoltée ? Elle se demandait quelles conséquences s’ensuivraient.

Elle répondit évasivement :

— Je vous plains, mon enfant.

— Oui, plaignez-moi, répliqua farouchement la jeune fille, parce que le désespoir est mauvais compagnon. Je ne m’attache à rien, je suis mécontente de tout et je n’ai qu’une vision : Bertranne aux côtés de Robert.