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se, répandre sa satisfaction dans un cœur ami.

Inconsciemment, une commisération non nettement définie pourtant la poussait à plaindre Christiane de son sort solitaire, après avoir stigmatisé ses fiançailles.

— Quelle délivrance c’est pour moi, de savoir ma fille indépendante ! Quelle douceur de ne plus la voir penchée sur ses livres très tard tous les soirs. Et c’est si peu normal pour une jeune fille d’envisager l’avenir seule… Ma bonne chérie, vous devriez suivre l’exemple de Bertranne et vous marier.

Comme Christiane ne répondait pas, Mme Fodeur reprit :

— Vous en aviez eu l’intention pendant un moment, il faut y revenir… Vous êtes trop jeune, décidément, pour nos œuvres tellement austères.

La veuve, en énonçant ces choses, s’appuyait confortablement au dossier de son fauteuil. Son ton devenait condescendant, et elle regardait la jeune fille de haut.

Cette dernière essayait de rester souriante, mais une tourmente se levait en elle. Il lui semblait que tout l’écrasait et l’abandonnait.

Elle éprouvait, avant tout, le besoin d’être encouragée et non conseillée avec cet accent dédaigneux.

Mme Fodeur, tout à son émerveillement continua de façon détachée et légèrement railleuse ;

— Vous êtes une bizarre petite personne, un peu mystérieuse. Vous aviez un fiancé dont on n’a pas su le nom. Vous avez failli rester dénuée de ressources, vous vous en sou-