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t-elle, quand elle eut lissé ses cheveux et rafraîchi ses mains, j’ai la nostalgie de la nature… Dis, Christiane, si nous partions pour trois jours, toutes les deux, pour les Chaumes ? Tes serviteurs seraient enchantés.

— Et moi, davantage encore !

— Nous arpenterions les chemins, tu sais, ces sentiers que tu aimes… Allons, décidons du jour… j’ai besoin d’air, d’horizon… Et toi, Paris ne te pèse-t-il pas ?

— La cause est gagnée. Tu n’ignores pas combien j’aime respirer l’air de mon pays.

— Mère… j’ai faim !

Mme  Fodeur avait laissé les deux jeunes filles seules pour s’occuper avec la servante de quelques apprêts pour la table.

Elle rentrait à ce moment dans le salon minuscule qui était plutôt un bureau où l’on se tenait sans cesse.

Deux femmes ne s’isolent guère, quand elles s’entendent, et quand les études de Bertranne réclamaient le silence, sa mère savait travailler près d’elle en se taisant.

— Tu as faim… Tant mieux ! Nous allons nous mettre à table…

Mme  Fodeur avait repris un air de sérénité aimable. Il ne restait rien du souffle puissant qui l’avait animée en face de Christiane seule. L’acier aigu de ses yeux s’était voilé.

— Suivons ma mère, dit Bertranne. La table est un lieu de re-