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gurer que les bonheurs que l’on éprouve doivent convenir au voisin, mais chacun n’a pas la même façon de l’envisager. Pour toi, le tout est de savoir si tu ne forces pas ta nature… Alors, tes efforts seraient vains, et il viendra un jour où tu seras contrainte de regagner le temps perdu… Il y a un équilibre impitoyable dans la vie… Ce qu’on recule s’accumule, c’est une loi rigide.

Christiane frémit. Elle regardait Bertranne qui lançait ces phrases d’une voix légère, la bouche souriante, sans prêter attention à l’attitude de son amie.

— Il est déjà onze heures, je me sauve… Robert déjeune à la maison. Je reviendrai peut-être te voir en sa compagnie, cet après-midi… Seras-tu là ?

— Je le regrette beaucoup répondit vivement Christiane, mais je ne pourrai vous attendre. Je serai très occupée, je dois sortir dès une heure pour des courses urgentes, sur rendez-vous.

— Ce sera donc pour plus tard, interrompit Bertranne. Au revoir, ma bonne Christiane.

— Au revoir ! reste dans l’enchantement et oublie-moi, murmura Mlle  Gendel d’une voix sourde.

— Toi, tu ferais mieux de te reposer, de dormir un peu, au lieu de courir les mansardes.

— Tu n’es plus médecin !