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grets ? Quel est ce « trop tard » dont vous parlez ?

— Bertranne vous aime… répondit Christiane dans un souffle.

— Que m’importe l’amour de cette jeune fille ! C’est vous qui m’avez conquis. Si je me suis rapproché d’elle, c’est pour m’entretenir dé vous… La plus élémentaire délicatesse m’interdit de lui apprendre quels ont été nos rapports, — d’ailleurs Voue m’en aviez prié… Tant pis, si elle se figure qu’un autre sentiment m’anime.

— Vous n’allez pas la décevoir !… plaida Christiane.

— Ne vous apitoyez pas sur votre amie ! s’écria Robert alarmé, ne vous sacrifiez pas à l’idée de la voir malheureuse !… Je compte aussi, moi.

La jeune fille s’était ressaisie. Le vertige qu’elle subissait s’effaça. Elle se redressa et trouva le courage de mentir.

— Avant de vous parler d’elle, je vous avais fait part de ma décision. Je n’ai aucune raison aujourd’hui pour revenir sur ma parole. Je crois que vous m’oublierez et que vous serez heureux avec Bertranne…

— Ah ! riposta Robert déçu, j’ai espéré durant quelques secondes. Je vous ai crue presque attendrie et je vous revois de nouveau, froide et incompréhensible… C’est ce mystère inexplicable qui me torture et que je ne puis percer… Il me semble, par moments, que vous m’aimez, et cependant ce n’est pas possible. Vous ne pourriez être aussi forte.

— Non, ce n'est pas possible, répéta Christiane en écho.