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des réflexions dont elle n’apprécia pas la durée.

Elle fut brusquement tirée de ce silence intérieur par une voix qui disait :

— Bonjour, mademoiselle…

Robert Bartale, debout, la contemplait. Elle se leva subitement, d’un air égaré et balbutia sans savoir ce qu’elle prononçait :

— C’est vous !

Puis, elle retomba anéantie sur le divan circulaire.

Le jeune homme s’assit près d’elle.

— Je suis malheureux, Christiane.

Elle ne répondit pas.

— Vraiment, je ne sais si je rêve ou si je vis, reprit-il. Je traîne mes jours et votre refus de m’épouser est une obsession qui paralyse mes moyens… Que vais-je devenir avec cette douleur que rien ne calme, avec ce mystère qui me hante.

Dans les mouvements qu’il faisait, son bras effleurait Christiane. Sa main gantée s’agitait parfois devant elle. Le chant de la voix la berçait sans qu’elle perçût distinctement les paroles qu’il prononçait.

Mais elle se trouvait soudain apaisée à ses côtés ; elle désirait que ce moment durât toujours.

— Je ne puis détacher ma pensée de vous, Christiane… Vous êtes celle que j’ai choisie… N’aurez-vous pas un mot de pitié et ne reviendrez-vous pas sur votre décision ?

— Il est trop tard… murmura-t-elle.

— Quoi ? bégaya Robert, voulez-vous insinuer que vous avez des re-