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presque subitement… Il m’ignorait et, soudain, il n’a plus vu que moi.

Christiane, tout en écoutant, établissait le rapport qui existait entre sa rupture et le bonheur de son amie. Robert, voulant connaître son caractère, interrogeait Bertranne, et cette dernière était dupe.

Mlle Gendel, avec l’illogisme qui caractérise certains cerveaux féminins, se trouva fort heureuse de cette constatation, tout en s’avouant qu’elle ne mènerait à rien.

Bertranne parlait :

— Je deviens coquette… Je voudrais changer de robe tous les jours, car rien ne renouvelle une personnalité que de varier ses vêtements… Il s’agit de captiver l’attention. Ainsi hier je me suis acheté un chapeau neuf, celui-ci… Me va-t-il ?

— Fort bien.

— Mère me trouve mystérieuse, mais quand elle me questionne, je ne lui dis rien encore… Je veux d’abord avoir une certitude de mariage.

Christiane se sentit troublée. Une souffrance aiguë traversa son cœur. Ses ongles s’enfoncèrent dans les bras du fauteuil où elle était assise.

M. Robert Bartale sait qui je suis, poursuivit Bertranne. On n’est pas aimable avec une fille sérieuse, sans savoir à quoi l’on s’expose… Dès qu’il se sera déclaré je te l’amènerai… Il sera fort désireux de te connaître, je le pressens… Il te considère un peu comme une énigme…

— Je vais partir pour les Chaumes, dit vivement Christiane.

— Bon… ce sera pour plus tard… Nous finirons toujours bien par te