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Christiane, malgré l’indifférence qu’elle affichait maintenant, sentait vaguement tout ce que ces regards exprimaient, et une gêne lui venait de ce parfum vainqueur qu’elle imposait à ces cœurs rancis.

Le printemps, c’était hors de doute, agissait sur elle. Il est douloureux d’avoir une âme au désespoir quand la nature est en fête.

Sous cette influence, Christiane s’aperçut que la rancune qu’elle gardait contre Robert s’évanouissait.

Elle trouva des excuses aux paroles violentes, s’avouant que ses fluctuations apparentes y avaient prêté.

Elle se rappela aussi son maintien à la vente de charité, et une rougeur lui monta au front.

Le résultat de ses réflexions fut qu’elle éprouva un soulagement en songeant que la conduite de sa mère n’était pas un mystère pour Robert.

Il l’avait aimée, malgré cela… Il traitait sans doute cette frivolité comme un attribut de jolie femme adulée, tandis qu’elle s’en était créé une source de soucis. Plein d’indulgence pour ces mondanités, il n’y devait attacher nulle importance, et elle, Christiane, s’en était fait un épouvantail.

Mais elle ne pouvait revenir sur ce qu’elle avait sciemment voulu, puisque le bonheur de Bertranne dépendait de sa volonté.

Elle pensa se rendre aux Chaumes, mais, au moment de partir, elle ne put s’y décider. L’agitation de Paris leurrait sa douleur obsédante et elle craignit que dans le silence cette