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cées, la grandeur de son sacrifice lui serait un calmant.

Mais les jours s’égrenaient sans atténuer ses regrets.

Ce n’est guère à vingt-trois ans que l’on peut être philosophe. Le cœur de Christiane était chaud, son âme vibrante et elle se persuadait que la terre était un lieu de souffrance, afin de se donner le change.

Parfois, elle murmurait : Je n’ai que vingt-trois ans… je puis vivre longtemps… Porterai-je ma douleur de si longs jours encore ?

Elle venait de se révéler presque surhumaine et ses traits portaient un reflet qui les désignait à l’attention. Sa beauté devint plus tragique, soulignée par le cerne des yeux et le pli de tristesse qui fermaient ses lèvres.

Son teint ne s’illumina plus qu’aux moments d’animation, mais cette pâleur devenait attirante.

Sa démarche gagnait une nonchalance qu’elle ne possédait pas auparavant. Son regard semblait dédaigneux, parce qu’il ne regardait plus qu’en dedans. Rien n’excite plus d’intérêt qu’une belle énigme qui passe.

Aux réunions spirituelles, où le détachement était une loi pour gagner le ciel, les membres se rapprochaient de Christiane pour deviner son secret.

Elle se trouva en butte aux prévenances plus ou moins déguisées dont on l’entourait.

Par ces belles journées de fin d’avril, où le soleil ruisselait, c’était un printemps qui survenait quand la