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est le mobile qui te pousse à ces décisions ?

Les lèvres de la jeune fille restèrent serrées.

— Tu as un secret ?

Christiane ne nia point. Elle murmura :

— Je ne pouvais pas l’épouser, c’eût été au-dessus de mes forces.

— Pourquoi donc ?

Elle se tut.

— Tu paraissais l’aimer… Que s’est-il donc passé entre vous ?… Tu ne persisteras pas à me faire croire que ce sont les mots proférés dans un moment de colère qui ont influé sur ta détermination ? Il en a été si désolé.

La jeune fille se raidit contre l’attendrissement. Il ne fallait pas qu’elle parlât.

Mme  Lavique reprit :

— Mon enfant, tu as tes raisons, et je ne chercherai pas à les connaître. Là où un amoureux a échoué, une vieille femme comme moi ne pourrait vaincre.

Un silence plana.

— Je crains seulement, ma Christiane, que tu ne fasses deux malheureux, toi et lui.

La bouche de la désespérée trembla comme si elle allait sangloter, mais elle se ressaisit et, dans un sourire stoïque, elle murmura :

— Les hommes oublient vite…

Quand l’exaltation de sa décision fut tombée. Christiane ressentit un affaissement extrême. Elle s’en étonna, s’étant persuadée que les paroles cruelles définitivement pronon-