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des visites auxquelles Mme  Gendel ne tenait nullement.

Mme  Fodeur contemplait Christiane. Elle ne pouvait guère critiquer la manière de faire de Mme  Gendel, ni surtout lui reprocher de dépenser mal des revenus considérables. Intelligente, elle estimait que chacun est libre d’organiser sa vie, mais elle se réservait le droit de blâmer. Être de l’avis de Christiane équivalait à une désapprobation et c’était suffisant.

— Je comprends à merveille la lassitude que vous éprouvez en face de ces mondanités et ce n’est pas moi qui vous détournerai, de vous pencher sur les misères humaines. Vous y cultiverez votre âme et vous ne serez point inutile… Quel devrait être le grand but de notre existence ? Nous rendre nécessaire à nos semblables. Votre fortune vous causera les plaisirs les plus doux qui soient : ceux de donner inépuisablement.

L’accent de Mme  Fodeur devint un peu amer en prononçant ces derniers mots, mais sa compagne ne le remarqua pas.

De grands élans de philanthropie la possédaient déjà et elle aurait voulu commencer tout de suite l’apprentissage du vrai Bien, de celui où l’on abolit sa personnalité, où l’on ne vit plus que pour le malade qui vous attend, ou l’affamé qui vous guette.