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— Chère madame, j’ai une nouvelle heureuse à vous annoncer…

La veuve ne répondit rien, mais elle devina subitement ce qu’elle allait entendre. Sa compagne poursuivit gravement :

— Je me suis fiancée hier…

Ces dames se trouvaient maintenant dans la demeure, et Mme Fodeur se redressa sur le siège qu’elle occupait, en prononçant, lentement :

— C’est ainsi que vous trahissez votre parole ?

La jeune fille pâlit.

— Que vous reniez vos promesses ? appuya Mme Fodeur en lançant l’éclair de ses yeux dans le regard de Christiane.

Ces paroles énoncées avec l’autorité d’un juge plongèrent la jeune fille dans l’effroi.

Elle eût désiré que Robert fût là pour la protéger.

Mais pour le moment elle avait à se défendre seule, et elle balbutia :

— Les événements m’ont surprise… Ce jeune homme m’aimait et il m’était difficile, avec les charges que j’ai, de passer ma vie sans appui, et de vivre solitaire…

— Solitaire ? interrompit Mme Fodeur… Quand on a un but, la solitude n’existe pas… Une belle œuvre est un appui… Je vous croyais une âme forte, détachée de toutes les pauvretés humaines, et je vous surprends, vous attachant à une passagère tendresse qui ne vous apportera que douleurs et ennuis.