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de Bertranne pouvait en imposer. L’enveloppe terrestre qui revêtait son âme était bien la guenille dont elle ne se souciait plus. Elle s’absorbait davantage en la pensée de ses fils.

Christiane écoutait ses conseils et désirait sa louange. La veuve constatait son ascendant, mais n’en abusait pas. La seule différence qu’elle marquait avec le passé, c’est que maintenant, elle venait à l’hôtel des Gendel.

L’orpheline, le soir, lisait. Quand elle se livrait à quelque ouvrage à l’aiguille, son esprit s’attristait, soit sur sa mère, soit sur Robert. Elle préférait la lecture qui l’arrachait à ses réflexions, mais constituait un danger plus certain pour son imagination, au service de son cœur.

Son visage se couvrit de pâleur. Il ne portait plus de traces de ses brûlures et s’idéalisait depuis quelque temps, dans un mystérieux attendrissement.

Christiane ne s’en apercevait pas, mais Bertranne, observatrice impitoyable, dont l’œil s’exerçait au diagnostic, « possédait » pour ainsi dire, tous les visages familiers.

— Christiane, as-tu quelque chose qui te tourmente ? Tes yeux sont plus lents, ta bouche moins sévère, tu es un peu pâle, et cependant, nul signe d’anémie… Tes gencives sont roses… tu ne te distrais pas, et tu n’as pas un visage d’ennui… Que fais-tu donc ?

— Je rêve…