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Marthe FIEL
LA FILLE DU MINEUR




— Déjà au travail, Léone ?

— Il le faut bien… il y a tant de linge sali dans cette ville noire.

— Tu n’as pas l’air contente ce matin.

— Il y a des moments où j’en ai assez de voir tout sombre autour de moi. Je rêve d’être dans un pays où il y a des maisons blanches et roses, avec un beau soleil braqué dessus. Mais regarde-moi ça ! quelle tristesse ! mes pauvres fleurs ont une allure piteuse.

Léone montrait du doigt quelques géraniums qui éclairaient le jardinet de la maison qui faisait partie du coron. Comme elle le disait, la petite cité n’avait rien de gai à l’œil.

De toutes les habitations, sortaient des mineurs qui se rendaient à leur tâche. Le jeune homme à qui Léone parlait, s’appelait Louis Terla et il s’apprêtait à descendre aussi dans la mine.

Sa voisine, Léone Aumil, était sortie au moment où lui-même franchissait la porte de la petite maison qu’il habitait avec sa famille.

Il leur arrivait souvent de se rencontrer, et, s’il y avait parfois du hasard dans ces rencontres, la volonté de Louis y jouait aussi son rôle.

Ils étaient voisins et depuis longtemps, une sympathie avait jailli entre eux. Elle datait de leur temps d’école et le voisinage entretenait cette amitié, Depuis quelque temps pourtant, Louis s’avisait que le sentiment qu’il ressentait pour sa jeune amie, changeait de caractère.

Il éprouvait une émotion un peu tremblante quand il la voyait, et il savait qu’il ne pourrait plus passer ses jours sans elle.