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Ce disant, il emboîta le pas à Léone, tout en discourant. À mesure que ses paroles se déroulaient dans l’air tiède d’avril son langage devenait lyrique. Un attendrissement lui venait à l’âme, envahissant son cœur, et il pensait, sans cesser son verbiage :

« Que ce serait agréable d’avoir cette petite ménagère si douce, si bien élevée à côté de soi, toute une vie. Ce serait pour moi, une fleur de plus à soigner, simplement. »

Puis, une allégresse de plus en plus envahissante le possédant, il rompit là le fil des paroles inutiles et murmura :

— Mademoiselle Léone, savez-vous que vous me plaisez tous les jours davantage ? Je n’ai jamais rencontré une jeune fille comme vous et je suis angoissé à la pensée de vous quitter. Puisque vous voudriez vivre dans le midi, vivez-y avec moi. Je vous demande votre main et un peu de votre cœur. Nous aurons une petite bastide. J’ai des économies et mes parents aussi. Vous ne serez pas malheureuse, notre maison sera fleurie et vous aurez un bon chien pour vous garder quand je serai à mon travail, et un beau chat pour attraper les souris.

Si Léone avait été émue par le début du discours puis touchée par la demande en mariage, ses sentiments se fondirent dans un rire en entendant la fin.

— Pourquoi riez-vous, pitchounette ? je suis très sérieux, moi, et j’attends votre réponse avec une peur terrible.

Léone s’était reprise, et elle dit :

— Je suis très heureuse de consentir à devenir votre femme. Je me réjouis d’être dans un beau pays où tout doit être facile. Tenez ! rien que pour la lessive, la sécher au soleil, quel rêve !

— La sécher ! mais, bonne enfant, vous n’aurez pas le temps d’étendre votre linge ! vous le retirez de l’eau et il vous sèche dans la main !

— Que c’est commode !

À dire vrai, Léone ne savait plus trop ce que lui racontait Marius. Un tel contentement la transportait qu’elle n’avait plus qu’une pensée : celle de son départ de cette ville triste.

Marius pouvait donc débiter ce qui lui convenait des fantaisies de son imagination, elle écoutait avec un sourire figé, l’esprit au loin.

Lui, grisé par son succès matrimonial, ne tarissait plus et relatait sa visite de la veille à la mine.

— Ce n’est pas très intéressant ! voir des couches de houille