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Mme Aumil reçut le nouvel arrivé avec affabilité, et ne s’étonna pas de voir là, Louis.

Elle n’eut aucun frais de conversation à déployer. Marius, fort à l’aise, parla. Sa faconde n’avait nul besoin d’être stimulée, et il s’emparait de tous les sujets pour les développer familièrement.

— Vous avez des fils dans la mine, chère madame ?

— Hélas ! j’en ai deux qui y sont et deux autres qui y entreront sans doute. Cela me donne du souci.

— Cette mine est-elle donc aimantée pour que tous les hommes s’y précipitent ?

— Que faire d’autre ici ? puis les hommes y sont attirés parce que l’on gagne largement.

— Mais il y a des dangers.

— Hélas…

— Ah ! vivent l’air et le soleil ! s’exclama Marius.

Ces paroles-là tombèrent lourdement sur l’esprit de Louis Terla. Il savait que pour Léone, elles avaient une valeur inappréciable. C’était un encouragement à son désir secret.

— J’irai dans cette mine demain, m’a promis l’oncle, il a obtenu la permission de m’y faire descendre. J’ai un peu la chair de poule, mais je tiens à cette visite, sans quoi, je n’aurais rien à raconter aux camarades. Vous me voyez arrivant d’un pays minier, et dire, penaud : je n’ai rien vu ! Ils ne me croiraient pas, alors, autant que je me risque.

Léone et sa mère riaient, mais Louis restait sérieux. Il ne souhaitait pas de mal à cet intrus, mais il aurait voulu qu’il se rendît ridicule, afin que Léone ne le regardât pas avec complaisance.

Mme Aumil comprenait sa pensée, mais essaya de l’en détourner :

— Tu n’es pas malade, mon garçon ? Ils t’ont arraché la langue en bas ?

Louis eut l’ombre d’un sourire et répondit :

— Non, on se contente d’arracher la houille au gisement.

— Bien répondu, mineur. Et maintenant, je vais m’en aller, j’ai à peine vu mon oncle. Au plaisir de vous revoir, bons voisins !

Marius serra les mains avec cordialité et s’en alla majestueusement.

Terla, sur sa chaise, ne disait pas un mot.