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l’ombre s’efface

sauts, de convulsions, un peu plus forts que ceux que je lui avais vus.

Jacques essayait de le relever, afin de le porter sur un lit.

— Aidez-moi, soyez moins sensible. Vous savez où est la chambre à coucher, sans doute ?

Je rougis sans savoir pourquoi et je répliquai :

— Oui, au premier étage.

À cet instant, la vieille gardienne s’introduisit dans la maison et, entendant la voix de Jacques, elle s’avança. En voyant son maître dans cet état, elle s’écria :

— Oh ! Monsieur a eu une crise ! En v’là pour au moins deux jours ; il sera comme mort. J’vas vous aider à le transporter.

J’étais bien soulagée de n’avoir pas à soutenir ce corps et soulagée aussi d’apprendre que l’état d’Hervé était dû à une cause connue.

J’accompagnai Jacques et la femme qui s’appelait Ursule. Au courant des habitudes de son maître, elle facilitait la besogne.

Mon mari lui dit :

— Vous allez sans doute veiller sur lui. Je vais avertir son père qui vous enverra une infirmière et vous vous arrangerez avec elle.

— Monsieur est déjà tombé malade une fois ici. Je l’ai gardé seule. Il dort, mais quand il se réveille, il a des douleurs partout.

— Je préviendrai tout de même son père.

Ursule était tout aimable avec moi. Elle comprenait que je n’avais pas menti, et ses paroles se nuançaient de plus de respect.

Nous la laissâmes et je lui redis de venir me voir. Elle me le promit sans hésitation.

J’étais tout allégée. Il me semblait que je sortais d’un affreux cauchemar.

Je parlais avec gaîté, mais mon mari n’était pas à l’unisson. Son regard sombre, ses lèvres serrées me faisaient pressentir des préoccupations. Je me demandais pourquoi ? Du moment qu’Hervé n’avait rien qui mît sa vie en danger, je ne voyais rien qui pût nous affecter.

Je pensai soudain qu’il était péniblement impressionné de savoir qu’Hervé avait cette infirmité et que