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l’ombre s’efface

ténèbres. Il n’était plus qu’une lueur vacillante que je craignais de perdre. Alors que je me croyais à l’abri, la catastrophe s’abattait sur moi. Au long de mon chemin, je murmurais : « Pitié, mon Dieu, pitié ! »

Je me demandais aussi si je ne devais pas aller chez Mme de Sesse ? Je lui aurais appris que je l’attendais dans cet hôtel et qu’elle avait servi d’appât pour m’attirer dans ce guet-apens.

Elle pourrait alors expliquer posément à mon mari dans quel filet j’étais tombée.

Puis je renonçai à cette idée. Il valait mieux que Jacques fût prévenu sans tarder.

Ce fut haletante que j’arrivai chez moi.

Clarisse passait précisément dans le vestibule quand j’entrai.

Elle me regarda, et sans doute fut-elle étonnée par mon visage, car elle me demanda :

— Madame n’est pas malade ?

— Non, non, Clarisse… Monsieur est là ?

— Oui, madame, dans son bureau.

— Merci !

Et, sans me soucier de ma fidèle Clarisse qui écarquillait les yeux, cherchant à savoir ce qui m’arrivait, je m’engouffrai dans le cabinet de travail de mon mari.



CHAPITRE VIII


Quand il me vit, Jacques se leva vivement en laissant une feuille de notes qu’il tenait.

Je devais avoir l’air hagard, car il me dit tout de suite, avec un visage alarmé :

— Que vous arrive-t-il, ma chérie ?

Je bégayai plus que je ne parlai :

— Hervé de Gritte… est à demi mort dans son hôtel de… de la rue de…

Je ne me souvenais plus du nom de cette rue, mais