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l’ombre s’efface


CHAPITRE VII


Je partis pour aller vers cette villa où Hervé m’avait donné rendez-vous. J’avoue que je pensais surtout à la joie de rencontrer Mme de Sesse. Un attrait irrésistible me poussait vers elle. Passer quelques instants en sa compagnie me semblait un plaisir précieux, et mon pas était alerte.

Nulle appréhension ne m’assombrissait, et à mesure que je m’acheminais vers mon but, ma joie augmentait.

Je vis enfin la maison qu’Hervé m’avait décrite. C’était un petit hôtel à un étage seulement. Un rayon de soleil pâle jouait dans une vitre, et cela me parut gai. Ma pensée fut saisie soudain par le destin de la pauvre petite Janine. À l’idée que j’allais faire un choix parmi les objets qui lui avaient appartenu, j’eus un scrupule que j’appelai sacrilège.

Cette malheureuse victime aurait dû être là, derrière ces fenêtres. Sa disparition s’accentuerait avec la dispersion de ses souvenirs.

Une grande pitié me prit et j’estimai qu’Hervé avait le droit de se montrer fantasque et cruel.

Mes réflexions n’avaient peut-être rien d’une bonne chrétienne à l’âme juste, mais je faisais la part de la nature humaine, et en cela je me trouvais dans mon droit. J’étais tout inclinée vers l’indulgence pour Hervé, d’autant plus que, par deux fois, il s’était montré aimable sans exagération.

Avant de sonner, je regardai autour de moi, espérant apercevoir Mme de Sesse. Non, dans les lointains, aucune femme lui ressemblant ne se profilait.

J’appuyai sur le timbre électrique.

J’attendis peu de temps. Une vieille femme en bonnet blanc vint m’ouvrir. Son œil soupçonneux me toisa.

Très vite, je lançai :