— Vous aimez la danse ?
Je me sentis pâlir. J’étais tout éperdue alors que Jacques riait. Il vit mon embarras et il répondit pour moi :
— Comment une jeune femme n’aimerait-elle pas la danse ? Christine l’aime à la folie, à ce point que je la prierai de ne pas se rendre à cette soirée, de peur qu’elle n’y prenne goût.
— Serais-tu un tyran ?
— Eh oui ! quelque chose d’approchant.
— Je ne te connaissais pas sous ce jour ! La vie doit être gaie, avec toi !
— Oh ! je ne m’en plains pas ! m’exclamai-je avec ferveur.
Toutes ces phrases avaient été lancées sur le mode humoristique. Mais, après ma réponse, le visage d’Hervé se crispa l’espace d’un éclair. Je devinai que l’allusion à mon bonheur lui déplaisait.
Cependant, il reprit vite son aspect souriant.
Jacques lui dit :
— Tu serais bien gentil de déjeuner avec nous.
— Pas aujourd’hui, cher ami. Mon père a invité un vieil ami abbé qu’il aime beaucoup, et je ne puis m’abstenir d’assister à ce repas. Je te remercie ; ce sera pour un autre jour.
— C’est entendu.
Il y eut encore quelques paroles échangées, et Hervé prit congé de nous. Jacques le reconduisit jusqu’au seuil et il me retrouva dans le salon.
— Je suis bien content, me dit-il en s’asseyant près de moi, de voir Hervé dans ces dispositions. Il me semble bien adouci.
— Oui, c’est reposant de le voir ainsi. Aux premiers jours de notre connaissance, il me causait quelque frayeur.
— Ah ! puisse-t-il oublier et se marier selon un nouvel amour !