CHAPITRE PREMIER
Mon bonheur eût été complet si je n’avais pas eu la pensée obsédante de ma naissance. Alors que je me laissais bercer par les paroles d’amour de mon mari, l’idée accablante venait me torturer. De qui étais-je la fille ?
Depuis que je vivais dans l’élégance, que j’apprenais à connaître les différences sociales et que je goûtais la distinction des propos, je me sentais rougir en me souvenant du milieu où j’avais vécu jusqu’à l’âge de sept ans.
Je ne voulais pas être née dans une famille semblable à celle des Nébol. Je m’imaginais, alors que mon esprit s’enfuyait dans un rêve, que je faisais partie du monde choisi que nous fréquentions. Oh ! nous n’étions pas mondains, non ; notre grand bonheur nous tenait lieu de société, mais je ne pouvais pas me soustraire aux amabilités de Mme Tamandy, pas plus qu’à l’admiration que me vouait la jeune Mme Jourel.
Ce qui me faisait supposer que j’étais d’un milieu plus élevé que celui des Nébol, c’est que les senti-