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l’ombre s’efface

croissait. Je voulais plus de détails sur Mme de Sesse, mais la bonne femme ne me parlait que d’Hervé.

— Oui, c’est ma nièce qui m’a procuré cette place de gardienne du petit hôtel de M. Hervé. Il y venait avec sa petite fiancée. C’était gai de les voir si jeunes et si beaux. Dans ce temps-là, M. Hervé était gentil, mais depuis la mort de la petite, il a changé. Il est devenu comme fou.

Je me hâtai de dire :

— Ne croyez pas que ses crises nerveuses sont survenues à la suite de la mort de sa fiancée. Il en avait déjà auparavant.

— Je n’en suis pas étonnée. C’est un drôle de Monsieur, si capricieux…

Je coupai court à ces commentaires et je parlai de Mme de Sesse :

— Vous voyez quelquefois Mme de Sesse ?

— Jamais !

Je fus déçue. Mais Ursule excita de nouveau mon intérêt quand elle ajouta :

— Vous pensez bien que depuis qu’Amélie a été tuée, je ne me risquerais pas à aller la voir !

— Vous connaissiez Amélie ?

— Bien sûr. Elle était ma nièce.

Je faillis crier de surprise. Encore une fois, le destin venait à mon secours.

Je tremblais en demandant :

— Vous avez dû être bien émue en apprenant sa mort ?

— J’ai cru devenir folle. Elle était allée porter la petite de Mme de Sesse chez une nourrice qu’on lui avait indiquée, mais cette grande sotte l’a placée chez une autre.

Je retins un cri et je poursuivis mon interrogatoire :

— Pourquoi chez une autre ?

— C’est difficile à dire ! Mais, bah ! c’est vieux, tout cela ; puis la petite est morte, il paraît, et cela n’a plus d’importance. Donc, Amélie avait une amie qui venait de perdre une petite fille, et pour lui faire oublier ce malheur, elle lui a porté cette nourrissonne qui lui rapporterait beaucoup. Elle pensait le dire à ses patrons un peu plus tard, mais elle a été tuée en revenant. On n’a jamais pu savoir dans quel village