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l’ombre s’efface

— J’étais inquiète de vous. Il y a une éternité que je ne vous ai aperçue.

— J’ai été accaparée par des anciens amis de Jacques, la famille du fiancé de Janine, sœur de mon mari. Il y a eu un peu de froid entre eux depuis cette douloureuse catastrophe, mais tout s’oublie. Jacques a été heureux de les retrouver et j’ai dû le suivre dans les invitations reçues.

— Je vous pardonne, mais ne me négligez plus autant ! Je pense tellement à vous et à votre vie étrange ! Si vous saviez combien la recherche de votre famille me préoccupe !

— Tiens ! tiens ! Ne m’avez-vous pas dit que mon bonheur présent devait me satisfaire ?

— Eh oui ! mais dans le fond de mon cœur je voudrais que vous retrouviez votre famille.

— Moi aussi ! répondis-je en riant.

— Je trouve que votre Jacques n’apporte pas beau­coup d’ardeur à cette enquête.

— Mon mari m’a assuré que tout était bien ainsi. Pourquoi fouiller dans un passé qui nous décevra peut-être ? Si je suis fille de pauvres gens, la fortune de Jacques sera un appât pour eux, et si ce sont des gens peu recommandables, quelle honte pour moi ! Je souffrirai pour mon mari.

— Vous vous faites des idées extravagantes. En vous regardant, on voit tout de suite que vous n’êtes pas la première venue !

— Merci, vous êtes bonne de me le dire. Je vous avouerai que j’ai eu la faiblesse d’aller dans le pays où j’ai été élevée jusqu’à sept ans, et je n’ai rien pu savoir.

— Rien ?…

— Rien… Je me suis heurtée à un bloc de granit.

— C’est un mystère, alors ?

— Une femme m’a apportée là, et c’est tout. Pas de nom, pas d’adresse, parce que cette femme qui comptait sans doute revenir, a été tuée sur le coup par une auto, en sortant de chez ma nourrice.

— Grand Dieu !

— Vous voyez qu’à moins de circonstances exceptionnelles, je suis murée dans mon obscurité.

— Que tout ce roman est bizarre ! Cette femme morte tragiquement en emportant, je ne puis dire son