Page:Fiel - L'étonnante journée, 1932.djvu/95

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Vous ne voulez pas que je vous accompagne ?

— Je n’y tiens pas du tout… je suis comme papa : pour les choses graves, il faut que je sois seule pour réfléchir.

— Mais vous êtes un vrai Napoléon !

— Napoléon ?… J’ai entendu parler de ce monsieur-là, mais je ne sais plus chez qui…

— Cela n’a pas d’importance… Où allez-vous ?

— Je crois que j’allais vers la poissonnerie…

— J’ai bien envie de vous accompagner… J’aurais des remords de vous laisser, alors que vous êtes dans le souci et l’inquiétude…

— Mon Dieu !… Si vous tenez absolument à venir avec moi…

Suzette et sa compagne firent quelques pas et, comme il s’agissait de traverser une rue, elles attendirent le signal de l’agent.

Quand son bâton fut levé, chacun se précipita et, comme par hasard, Suzette se faufila un peu vivement parmi les groupes, de telle sorte que la dame la perdit de vue.

Suzette ne se retourna pas. Elle préférait être seule pour poursuivre ses investigations. Elle pensait, non sans raison, que l’amie de sa mère prendrait le premier rôle, qu’elle poserait les questions. et qu’elle, Suzette, serait obligée de se taire.