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tait tellement désespérée qu’elle craignait d’être injuste. Après tout, ce petit garçon était perdu, lui aussi, et il fallait se montrer bon envers lui, comme elle aurait voulu que l’on se montrât pitoyable envers Bob.

Suzette conduisit Jeannot dans sa chambre. Elle l’amusa et bientôt ce furent des cris et des rires qui résonnèrent dans tout l’appartement.

Justine accourut :

— Il n’y a pas de bons sens à crier de cette façon-là ! on dirait qu’il y a dix enfants dans cette pièce…

— Papa nous laisse toujours crier et rire…

— Quand on a un petit frère je ne sais où, on se donne un peu moins de bon temps…

— Ce petit-là est perdu aussi. Ce n’est pas une raison pour pleurer…

— On n’a pas souvent vu votre pareille… Ah ! non, ça n’est pas le cœur qui vous étouffe…

Suzette se remit à chanter et Jeannot l’accompagna d’un tapage de sauvage.

Cela dura quelques minutes, puis Sidonie survint en disant :

— On ne s’entend plus… Madame m’a recommandé de vous faire taire… Mam’zelle Suzette, soyez un peu raisonnable… Vous savez que votre maman pleure et vous riez…