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Dans la rue, elle rectifia son maintien. Elle se tint droite, sérieuse, et regarda de côté et d’autre dans l’espoir de voir surgir Bob. Mais, autour d’elle, c’était presque désert. Tout le monde déjeunait.

La famille Lassonat habitait non loin du Luxembourg. Suzette y jouait plusieurs fois par semaine. Elle se demanda si Bob n’avait pas voulu continuer la partie de ballon, commencée la veille.

À cette idée, elle faillit courir, mais les bienséances la retinrent. Elle imita la démarche de sa maman, et se prenant pour une mère de famille bien posée, elle poursuivit allègrement sa route. Elle se félicita de n’avoir pas rencontré ses parents, sans quoi, adieu son plan !

Cependant Suzette est anxieuse et son pas devient de plus en plus rapide.

Sûrement, elle retrouvera Bob dans le jardin. Elle se souvient qu’un jour, il a couru si vite que Sidonie a eu beaucoup de peine pour le rattraper. Cette fois, il a profité de ce qu’on ne le surveillait pas.

Mais, le grand jardin est désert, lui aussi. Suzette, qui n’est pas souvent déconcertée, est tout à fait surprise de le voir si calme. Il y a bien quelques personnes sur les bancs, mais les enfants sont rares. Où sont les bandes joyeuses des bébés ? Le jardin est triste. Les moineaux seuls y gazouillent en cherchant les miettes que les petits habitués y ont laissées.