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— Ce n’était pas la peine de faire tant d’histoires… Je regardais les marchands…

Il conservait un petit air crâne et semblait se moquer du souci qu’il avait causé. Sûrement, il allait en être de même. Il n’y avait qu’à attendre. Elle éleva de nouveau la voix :

— Tu te souviens, petite mère, que Bob a déjà été perdu une fois… et qu’il est revenu tout seul…

— Oui, mais c’était dans un pays où tout le monde le connaissait, un pays de tout repos… mais à Paris, c’est différent…

— On se perd moins à Paris, trancha Suzette, parce qu’il y a plus de monde et que Bob connaît les rues… Je le sais bien, moi…

Mme  Lassonat n’écoutait plus les consolations de sa fille. Elle continuait de pleurer, l’oreille aux aguets, espérant toujours entendre le bruit des pas de son cher petit garçon.

Elle ne pouvait rester assise et demandait sans se lasser des détails à Justine.

— Vous n’auriez pas dû le perdre de vue, ma bonne Justine.

— Je ne prévoyais pas qu’il se sauverait… M’sieu Bob est assez raisonnable d’habitude… Je ne peux pas en dire autant de mam’zelle Suzette, mais, ce matin, elle m’avait juré qu’elle veillerait bien sur son petit frère…

— Je n’ai rien juré du tout !